Le jeu vidéo Race Pro reprend les différents circuits de courses automobiles mondiaux. Parmi ceux-là, celui de la ville de Pau (64), en Aquitaine. Le jeu est connu pour le réalisme des comportements des voitures et le rendu de l’environnement 3D.
J’ai demandé à un joueur averti de faire une partie de Race Pro sur le circuit en question, le plus vite qu’il ait été possible pour lui, en vue à la première personne, en supprimant de l’interface graphique toutes les informations contextuelles (vitesse, indications de la voiture, performance). Ce choix de vue a été fait pour permettre une vue subjective.
J’ai refait le parcours du circuit à pied, en enregistrant mon déplacement (vitesse, tracé, durée) grâce à un logiciel de géolocalisation sur téléphone mobile.
J’ai ensuite remonté la vidéo de l’enregistrement de la partie de jeu vidéo en calant sa vitesse à celle de ma promenade à pied. J’ai supprimé la bande-son originale pour lui substituer la prise de son que j’ai effectuée.
J’ai ainsi mis en relation la subjectivité de la prise de vue de l’environnement synthétisé à la subjectivité réelle de l’expérience du terrain.
En ralentissant l’enregistrement du jeu, certains détails de la modélisation du paysage font sens.
Dans un environnement construit pour l’expérience de la vitesse, la représentation de la figure humaine est immobile.
À cette immobilité synthétique, en relation avec la vitesse de la voiture, j’ai fait du temps réel le véritable moteur de construction de l’image calculée.
Dans notre contemporaneité, où les images sont surproduites et sur-reproduites, il s’agit de faire l’expérience du monde pour voir ce qu’il manque à sa représentation. La carte postale précède l’expérience. Tout est quadrillé, calculé, géolocalisé, synthétisé… Comment à partir de ces images du monde en refaire une expérience originale et comment la donner à percevoir ?